La dissémination des
OGM... |
Petite devinettes. Qui est l’auteur de la phrase
suivante : « [Notre société] ne devrait pas avoir à garantir la
sécurité de la nourriture à base d’OGM. Notre intérêt est d’en
vendre autant que possible. La responsabilité d’assurer que le
produit est sans danger revient au gouvernement » ?
Il s’agit Phil Angell, le Directeur de la Communication de Monsanto
(1), la célèbre multinationale, leader mondial des OGM et des
semences, développeur du terrible "Agent Orange" utilisé durant la
guerre du Vietnam, fabricant du Round Up (2) et propriétaire depuis
1985 de la société Searle… fabricant de l’aspartame ! Autant de
saloperies dans un même panier, cela frise l’inconscience !
Mais cela rapporte : cette société emploie plus de 16 000 personnes
à travers le monde et à réalisé en 2006 un chiffre d’affaires de
plus de 7 milliards de dollars ! De quoi entretenir le mythe
humanitaire de la société dont le slogan est « Food, Health,
Hope » (3)
Mais trêve de plaisanterie. Des biologistes français disent avoir
mis en évidence la toxicité d’une plante transgénique
commercialisé en Europe depuis 2005. « Nous avons découvert des
signes de toxicité hépatique et rénale chez les rongeurs, ainsi que
d’autres anomalies physiologiques », assure le Pr Gilles-Eric
Séralini. (4)
Sous contrôle d’huissier, il a aussi été démontré que les parcelles
et les ruches situées à proximité d’un champs de maïs OGM avaient
été contaminées dès la première année: à hauteur de 0,3% pour
la parcelle située à 15m et à hauteur de 39% pour le pollen de la
ruche située à 1200m.
La prochaine étape sera-t-elle d’assigner les agriculteurs pollués
devant les tribunaux selon le principe du « pollué-payeur » ?
Monsanto n’hésite pas en effet à le faire et aurait déjà porté
plainte contre 9 000 paysans. Motif ? Les cultures OGM sont
brevetées et appartiennent au fabricant !
Les semences mais évidemment pas les risques. Le 8 février 2006, en
France, le Ministre de la Recherche présentait ainsi au Conseil des
ministres un projet de loi sur les OGM dans lequel il était précisé
que seuls les exploitants assumeraient la responsabilité
juridique en cas de problème. Au passage, le texte réaffirmait
également le caractère confidentiel des informations communiquées
par les producteurs d’OGM à l’administration. (5) Y aurait-il
quelque chose à cacher ?
A l’heure actuelle, un taux de moins de 0,9% d’OGM n’entraîne pas
d’obligation d’étiquetage sur les produits. De même, les
consommateurs ne sont pas informés si les animaux qu’ils consomment
ont été ou non nourris aux OGM alors que 80% des OGM sont destinés à
l'alimentation animale… Résultat : les OGM sont déjà partout !
(6) La plupart des biscuits et confiseries seraient contaminées, de
même que les produits light et les produits laitiers du grand
commerce. Seuls y échappaient jusqu’à présent les produits Bio…
« Maintenant, il va falloir se méfier du logo AB » Est-ce un
industriel de l’agro-alimentaire qui parle ainsi ? Non, un
responsable d’un petit magasin Bio ! Soucieux de qualité et de
préserver les valeurs de la Bio, il a décidé de se passer
progressivement du fameux label français AB.
Que s’est-il donc passé ? Le 12 juin 2007, contre l’avis du
Parlement Européen et des consommateurs, la Commission
Européenne a proposé au vote du Conseil des ministres des états
membres un texte autorisant la contamination des produits
estampillés Bio par les OGM à hauteur de 0,9%, comme les autres
produits issus de l’agriculture conventionnelle!
Alors ministre de l’agriculture dans le premier gouvernement de
Sarkozy, Christine Lagarde s’est empressée de signer le texte. Le
fait qu’elle ait eu la firme Monsanto comme cliente dans le
cabinet d’avocat d’affaires qu’elle dirigeait jadis n’a évidemment
rien à voir ! D’ailleurs, seuls quatre pays ont refusé cette
banalisation du cahier des charges : la Belgique, l’Italie, la
Hongrie et la Grèce.
Voici donc la BIO transformée en BIOGM. Mais il y a pire : le
texte introduit également la notion de « flexibilité » dans
l’agriculture biologique. En clair, certains pays seront
autorisés à faire moins que le cahier des charges européens,
tout en ayant droit à l’appellation Biologique ! De même, le
pâturage des herbivores n’est pas rendu explicitement obligatoire et
les traitement vétérinaires autorisés ne sont pas listés. Des
viandes bio pourront donc être produites à la chaîne et bourrées
d’antibiotiques sans que le consommateur n’en sache rien !
L’intérêt pour les industriels et les gros distributeurs est
évident. Outre que la bio n’apparaîtra plus comme « aussi spéciale
que cela », cette nouvelle réglementation permettra de multiplier
les surfaces de culture et d’élevage, notamment dans les pays de
l’Est à plus bas coût. Il sera ainsi plus facile d’inonder les
linéaires des hypermarchés de produits bio « premier prix » et tant
pis si ces produits auront parcourus des milliers de kilomètres par
la route ! Nous ne sommes pas à une contradiction près…
Est-ce donc la mort de la Bio ? Non car la Commission n’a pas
réussie à interdire, comme il était prévu dans la première mouture
du texte, les labels privés tels que « Nature & Progrès » ou «
Demeter » (7), associations aux cahiers de charges bien plus
rigoureux. Du coup, les consomm’acteurs pourront reporter leur choix
sur ces logos et délaisser une fois pour toute les grandes surfaces
au profit des petits magasins bio.
Une anomalie était en effet apparue dans les linéaires des
hypermarchés ces dernières années : des dizaines voire des centaines
de produits bio y côtoyaient les milliers de références de la
malbouffe « traditionnelle ». De même qu’avec les produits dits «
éthiques », le logo AB permettait aux enseignes de se dorer le
blason à bon compte : « Mais si, vous voyez, nous vendons aussi
de la qualité ! » Qu’importe que les valeurs de la Bio soient aux
antipodes des pratiques commerciales des hypers. Qu’importe que les
produits Bio y soient parfois de moindre qualité gustative. Du
point de vue du marketing et de l’esbroufe, les labels ont toujours
fait de l’effet !
Avec la mort de l’AB, la tartuferie prendra donc fin. Désormais
synonyme de « malbouffe de qualité », le logo AB pourra s’étaler
sans honte sur les linéaires des grandes surfaces, tandis que les
produits « sérieux » prendront le chemin exclusif des petits
magasins… Et voilà pourquoi, au final, la Bio pourrait sortir
renforcée de cette tentative d’assassinat !
Sources:
(1) New-York Times, 25 octobre 1998, cité par le film The
Future of Food de Deborah Koons Garcia
http://www.thefutureoffood.com/
(2) Elle fut à ce titre condamnée en France début 2007 pour
publicité mensongère : il était inscrit sur l’emballage que cet
herbicide chimique laissait le sol propre !
(3) « Nourriture, Santé, Espoir » Au moins, ils ont le sens de
l’humour !
(4) L’Express, 15 mars 2007
(5) OGM : la France taille un projet de loi sur mesure pour Monsanto
et consorts, Pratiques de Santé N°44, 11 février 2006, p. 2 / Plus
tôt, la France avait déjà demandé à Bruxelles de restreindre la
communication au public sur les évaluations des risques des OGM pour
la santé humaine au prétexte que cela pourrait « entacher la
confiance de l’opinion publique » et « nuire à la position
concurrentielle des entreprises qui se sont lancés dans l’aventure.
»
(6) Voir le guide des OGM de Greenpeace sur
http://ww.detectivesOGM.org
(7)
http://www.natureetprogres.org
et
http://www.bio-dynamie.org
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