Les menaces de l'eau: le business et les arnaques de
l'eau!
En tant que leader mondial de l'eau en bouteille, la
multinationale Nestlé est évidemment première en matière de cynisme et
d'exploitation d'une ressource qui devrait appartenir à tous. Le business
est florissant mais il ne devrait jamais être bâti sur la vie, au détriment
des plus démunis. Le scandale des eaux en bouteilles n'est donc pas
que sanitaire! Autre exploitation: celle de l'eau du robinet via une
situation de quasi monopole entre Suez Environnement, Veolia et la Saur,
pour une qualité rarement au rendez-vous. Mais attention aussi aux arnaques
à l'eau soit disant pure ou à l'eau kangen, au travers de revendeurs à
l'expertise souvent inversement proportionnelle à leur agressivité ou
excessive gentillesse... Découvrez avec Eaunaturelle.ch comment l'eau
se transforme trop souvent en liquide grossier!
LES MENACES: LE BUSINESS ET LES ARNAQUES DE L'EAU
Reportage: Nestlé et le business de l'eau en bouteille
► Les multinationales de l'eau en bouteille ► Les multinationales de l'eau
du robinet
► Les pseudos "meilleurs produits"
Si « l’eau courante ne se corrompt jamais » (Proverbe chinois), il n'en va
pas de même pour le système qui a réussi à la capter pour en faire une
source de juteux profit.
La privatisation de l'eau est en soi un scandale pour une ressource
indispensable à la vie: les multinationales se targuent de fournir les
consommateurs mais ces consommateurs sont toujours (et notamment dans les
pays en développement) les plus favorisés tandis que le niveau des nappes
phréatiques (d'où provient l'eau embouteillée) diminue et que la pollution
augmente pour l'ensemble de la population!
Même chose avec l'eau du robinet où les intérêts particuliers d'une minorité
priment trop souvent sur l'intérêt général ou collectif.
Quant aux arnaques de l'eau, elles ne concernent cette fois-ci pas forcément
les moins favorisés - au regard du coût de certains appareils - mais les
plus crédules ou naïfs...
Les multinationales de l'eau en bouteille
"Multinationale basée en Suisse, Nestlé est le leader mondial de
l'agroalimentaire, notamment grâce au commerce de l'eau en bouteille, dont
elle possède plus de 70 marques partout dans le monde. Pour Peter Brabeck,
le président du conseil d'administration, l'eau peut « garantir encore 140
ans de vie » à l'entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la
direction, les réalisateurs dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse
des milliards. Des Etats-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils
explorent les circuits de l'eau en bouteille, mettant en lumière les
méthodes parfois expéditives de la firme. Ils montrent qu'elles reposent sur
une question cruciale : à qui appartient l'eau ?" (Teasing du reportage
ci-dessus)
Quelques multinationales seulement se partagent un marché d'une centaine de
milliards de dollars pour plus de 200 milliards de litres dont Nestlé, le
leader mondial avec 17% du marché (Danone est numéro 2) via plus de 70
marques dont Vittel, Perrier et San Pellegrino.
Le reportage (intitulé "Bottled Life" en anglais) réalisé par Urs Schnell
est éloquent quant au cynisme de la direction de Nestlé, via plusieurs temps
forts:
- Le camps de réfugiés somaliens géré par l'ONU, dans l'Est de l'Ethiopie,
où Nestlé est censé aider à la distribution de l'eau potable pour des
dizaines de milliers de personnes et la réalité du terrain avec une station
de pompage victime de la corrosion et de pannes fréquentes, Nestlé
n'assurant plus son entretien depuis fin 2005... tout en continuant à faire
le promo de son aide humanitaire sur son site internet.
- Nestlé qui essaye de soudoyer le reporter en lui proposant de faire un
autre reportage "pour le compte de Nestlé sur la consommation d'eau du
secteur agricole."
- Aux Etats-Unis, dans le Maine, où Nestlé pompe un million de litres d'eau
par jour pour sa marque Poland Spring, paye le propriétaire 10 dollars par
camion citerne d'une capacité de 30 000 litres d'eau de source, envoie 25
000 camions sur les routes tous les ans et a porté plainte contre la commune
de Fryeburg qui ne l'autorisait pas à développer une seconde station de
pompage. Une fois mise en bouteille, la même quantité d'eau sera revendue 50
000 dollars...
- Le business Pure Life: "Une eau pour le monde entier, tel est le concept
de la marque Pure Life. Il s'agit d'une eau d'origine souterraine, purifiée
et enrichie en minéraux selon une recette tenue secrète. Elle est produite
dans 27 pays sur les 5 continents mais elle a partout le même goût. D'ores
et déjà, c'est l'eau en bouteille la plus vendue au monde. La marque affiche
un taux de croissance à deux chiffres." Avec un pH de 7,7 (eau alcaline) et
une teneur en minéraux de 208 mg / litre, ce n'est pourtant pas une eau
recommandable selon la bioélectronique de Vincent.
- Au Pakistan, pays manquant cruellement d'eau potable pour ses habitants
pauvres, Nestlé pompe la nappe phréatique et inonde le marché de son eau
Pure Life. "Les puits ancestraux du village ne sont plus assez profonds. A
proximité immédiate de l'usine, plusieurs se sont même asséchés. [...] Les
habitants du village ont signé et envoyé une pétition à Nestlé pour réclamer
le droit de boire eux aussi l'eau qui se trouve sous leurs maisons. Et
Nestlé a dit non." Conclusions de Maude Barlow, conseillère en cheffe de
l'ONU pour les questions d'eau 2008/2009 : "Nestlé vole l'eau des
populations locales et se faisant menace leur subsistance même [...] Nestlé
est un chasseur d'eau, un rapace"
- "Rien qu'aux Etats-Unis, les producteurs d'eau en bouteille utilisent 800
000 tonnes de plastiques par an pour le conditionnement de leurs produits. 4
bouteilles en plastique sur 5 finissent à la poubelle, sur le bord des
routes ou dans la mer. Les étagères des supermarchés sont remplis des déchés
de demain"
« Certes, les "embouteilleurs" ne prélèvent qu'une fraction infime de l'eau
douce consommée dans le monde (0,008%) mais l'implantation d'une société
d'embouteillage sur un nouveau territoire entraîne souvent un découragement
des pouvoirs publics locaux à investir dans la distribution d'eau potable.
De plus, ceci contribue à faire baisser ou à maintenir une mauvaise qualité
de l'eau du réseau. Par ailleurs, le prix d'une eau conditionnée est le plus
souvent inaccessible aux populations déshéritées des pays hébergeurs. Au
final, l'eau en bouteille ne fait qu'aggraver la crise humanitaire et
l'inégalité sociale et n'est pas un produit durable. » analyse Yann Olivaux.
Que l'on se rassure, les autres géants de l'eau en bouteille ne sont donc
pas en reste : en Inde, une cinquantaine de villages ont vu leur nappe
phréatique se réduire considérablement parce que Coca-Cola y puisait pour la
production de son eau Dasani ensuite exportée... Voir le reportage L'eau
pompée de Coca-Cola.
Une question cruciale n'est pourtant pas abordée dans le reportage : quelle
est la valeur de l'eau ainsi embouteillée et stockée de plusieurs semaines à
plusieurs mois ?
Nous répondons à cette question dans la section Eaux minérales , Eaux de
source et Eaux en bouteilles. Si la valeur marchande ne fait aucun doute, la
valeur biologique d'une telle eau est pour le moins aléatoire: une eau morte
plus ou moins polluée de minéraux non assimilables par l'organisme, voilà ce
qu'achète réellement le consommateur, lui qui pensait s'offrir quelques
verres de pureté... On notera au passage dans le reportage que les bonbonnes
à eau en plastique sont au Pakistan souvent stockées en plein soleil,
l'idéal pour le relarguage dans l'eau de substances chimiques liées au
plastique...
Aux Etats-Unis, pays des sodas, les arnaques de l'eau sont encore plus
importantes, la norme étant d'offrir aux CONsommateurs de l'eau du robinet
distillée agrémentée de quelques vitamines synthétiques. En Europe, le
groupe Coca-Cola s'est cassée les dents sur un marché un petit peu plus
exigeant: lancée le 1er février 2004 en Grande-Bretagne avec un budget de 10
millions d’euros, la boisson Dasani a été retiré en catastrophe un mois plus
tard après qu’un article du quotidien The Independent révéla qu’il
s’agissait d’une banale eau du robinet traitée et vendue 1€40 le demi litre.
Après avoir minimisé l’affaire sur le thème du « Ce n'est pas une crise.
Tout produit lancé dans une nouvelle catégorie demande d'éduquer le
consommateur », le groupe Coca-cola rappela un demi-million de bouteilles et
annula les lancements prévus dans le reste de l’Europe...
« Eduquer le consommateur » ? L'éducation du consommateur selon les
industriels de l'eau s'apparente apparemment à leur faire prendre des
vessies pour des lanternes mais, avec un budget illimité et au regard du
marché de l'eau morte en bouteilles, tous les espoirs sont effectivement
permis! « Ne pas prendre les consommateurs pour des cons mais ne pas oublier
qu'ils le sont » serait la devise inavouée de Procter & Gamble. Les
industriels de l'eau s'en sont apparemment inspirés...
Les multinationales de l'eau du robinet
Côté robinets (français), le temps des marges royales semble être derrière
les trois mastodonte du secteur : Suez Environnement, Veolia et la Saur. Les
mairies et collectivités n'hésitent plus - à l'instar de Paris en 2010 - à
repasser à une gestion municipale et, au minimum, à renégocier les contrats
à la baisse. "Nous voulons démontrer que la modernité, c'est un service
public plus efficace que le privé", martèle Anne Le Strat, présidente d'Eau
de Paris et adjointe au maire de Paris, chiffres à l'appui. "Avant le
passage en régie, Veolia et la Lyonnaise qui géraient l'eau potable à part
égale nous facturaient chaque année 17 millions d'euros de travaux. En 2011,
nous en avons dépensé 11 millions, et cela, à périmètre égal", dit-elle en
rappelant que ce type d'économie a permis à la ville de diminuer le prix de
l'eau potable de 8% en 2011.
Moins de la moitié des Français restent en 2023 alimentés par le privé et
l'on ne compte plus que 6 300 délégations de service public sur 34 000
services de l'eau en France (contre 12 000 il y a deux décennies). "Quand on
reprend la gestion de l'eau, on se rend compte de la manne financière qu'on
arrive à dégager" précise Christophe Lime, vice- président de Grand Besançon
Métropole et président de France Eau publique, qui regroupe 90 opérateurs
publics et collectivités locales. (Les dossiers du Canard)
Du coup, les géants français de l'eau se tournent de plus en plus vers
l'étranger pour redresser leurs comptes. Comme le rappelle l'article du
Monde, Le business de l'eau sous pression: "Les besoins sont immenses :
aujourd'hui, seulement 13 % de la population mondiale est alimentée en eau
par des opérateurs privés ! En 2010, plus de 160 millions d'habitants dans
le monde étaient desservis par les services d'eau potable exploités par les
entreprises françaises. Et celles-ci réalisent déjà à l'étranger un chiffre
d'affaires supérieur à 9 milliards d'euros, soit deux fois leur chiffre
d'affaires français."
Un reportage, Water makes money, "retrace le processus qui a conduit à
l’abandon des régies publiques, encouragé par « le droit d’entrée » : une
pratique consistant, pour les opérateurs privés, à mettre à disposition des
communes une confortable somme d’argent afin de s’assurer la conversion au
modèle du partenariat public-privé (PPP). Ces mariages d’intérêt ne sont pas
restés sans conséquences pour les usagers : factures en constante
augmentation, canalisations non entretenues..."
Exemple avec l'alerte de l'agence régionale de santé de la Guadeloupe, en
2018 :"l'eau du robinet était trouble, marron et contaminée au chlordécone,
le réseau fuyait et les stations d'épuration n'étaient pas aux normes...
Véolia venait de quitter l'île, après soixante ans de gestion" relate le
Canard Enchaîné.
Rappelons que Véolia est devenu en janvier 2022 propriétaire à 86,22% de son
principal concurrent Suez... se plaçant ainsi en situation de quasi-monopole
sur le juteux marché de l'eau...
Les pseudos "meilleurs produits"
Côté solutions plus ou moins innovantes enfin, le pire côtoie le meilleur.
Du côté obscur de l'eau, ces revendeurs d'un unique système qui, lorsqu'ils
ne mentent pas effrontément, exagèrent sans modération les vertus de leur
système. Il faut bien que leurs prix (parfois) excessifs trouvent une
justification, fut-elle virtuelle.
Les revendeurs de l'eau Kangen sont sans conteste les plus agressifs :
malheur à celui qui tombe dans leur fichier car ils ne vous lâcheront plus,
sans répondre le moins du monde par contre à vos légitimes questionnements.
Nous verrons dans la section Types d'eau ce qu'il en est de cette eau
ionisée et très alcaline: ponctuellement intéressante, elle est une
aberration sanitaire au quotidien tant elle s'éloigne du modèle de la nature
et il est ridicule de penser qu'un foyer sur cinq en est équipée au Japon.
Très coûteuse à l'achat - plus de 3000 euros - les acheteurs sont persuadés
qu'ils rembourseront leur investissement via la revente et multiplient les
arguments et les sites internet... Tant et si bien que la société
distributrice Enagic a été condamnée à une suspension d'activité de 9 mois
(Avril 2010 à Janvier 2011) au Japon par l'Organisme de protection des
consommateurs japonais!
Les "experts en bien-être" autoproclamés de la société Nikken - encore une
société japonaise! - sont généralement plus respectueux de leurs prospects
mais, comme tout marketing de réseau qui se respecte, sont tributaires de
leurs ventes pour leurs rémunération, ce qui n'incite évidemment pas à
l'objectivité ou à la modestie. "Depuis plus de 35 ans, nous avons aidé des
millions de clients à travers le monde à atteindre un bien-être complet et
un mode de vie équilibré, basés sur les Cinq Piliers du Bien-être : un
Esprit sain, un Corps sain, une Famille saine, une Société saine et des
Finances saines." déclare ainsi le site français. Les produits sont
généralement de qualité mais leur coût et leurs arguments sont parfois
discutables. En matière d'eau leur fontaine PiMag Waterfall n'est pas
inintéressante de prime abord et le coût semble correct (300 euros mais
apparemment beaucoup plus en Suisse?) mais le système de filtration est loin
d'égaler les systèmes par osmose inverse (filtration annoncée à 1 micron
contre 0,0001 microns pour l'osmose: 10 000 fois moins!), le remplissage par
le haut n'est pas des plus pratiques, les filtres sont à changer tous les 3
mois soit, avec les pierres, 310 euros de plus par année mais, surtout,
l'eau devient à nouveau alcaline (pH entre 8,5 et 9,5) alors que la
bio-électronique de Vincent insiste pour que l'eau soit au contraire
légèrement acide. Enfin, quid de la prolifération microbienne de l'eau
stagnante, à l'instar des carafes filtrantes ?
Mais il n'y a pas que les japonais qui savent manier le marketing. Les
"partenaires" d'une société française dont nous tairont le nom ont également
parfois recours à tous les arguments possibles pour faire signer le client.
Non salariés de l'entreprise, c'est en effet pour eux le seul moyen de
rentrer dans leur investissement temps et de toucher leur commission
d'environ 1000 euros par appareil vendu! Inutile de dire qu'ils ne
connaissent pas non plus grand chose à l'eau, selon le principe que "il est
très difficile pour quelqu'un de comprendre quelque chose lorsque son
salaire dépend de ce qu'il ne le comprenne pas!" selon la formule d'Upton
Sinclair...
Bref, méfiance avec les revendeurs proposant une unique solution. "Il faut
bien se rendre à l'évidence, il existe autour de l'eau un immense business
commercial dont les argumentaires frisent parfois l'escroquerie
intellectuelle voire l'escroquerie tout court." résume Richard Haas. En
matière d'eau et compte tenu des subtilités à l'œuvre, mieux vaut avoir le
choix et un minimum d'information!
Sources :
Du flottement dans le privé, Les dossiers du Canard, p.92, Avril 2023
www.lemieuxetre.ch / www.solutionsbio.ch / www.8fondamentaux.com
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